La rencontre du chardon & de la grosse pomme_ END

Assise sur le banc suspendu en osier qui trônait sur la terrasse du 112, HoneyStreet, Karly Slayers se laissait bercer par les balancements et le bruit du vent dans les feuilles. Perdue dans ses pensées, elle n'entendit pas sa fille se rapprochait pour grimper à ses côtés.

- "Maman, Papa veut pas me donner du chocolat au jus de citrouille !"
-"Parce qu'il ne faut pas en abuser, ma chouette."
- " Mais Maman..."

Laissant tomber l'affaire, la petite Grace comprit rapidement qu'elle ne gagnerait pas ce combat-ci. C'est alors que le cahier que tenait sa mère entre ses mains attira son attention. Une photo plus particulièrement où une petite fille tenait un chardon entre ses doigts, sourire aux lèvres, le montrant à une belle et souriante femme. La photo semblait plutôt vieille et effacée. " C'est qui ? "
Attirée par la question de sa fille, Karly baissa le regard vers la photo datant de plus de vingt ans.
" Il s'agit de ta grand-mère et moi. "
- " ... Tu ne me parles jamais de grand-mamy. Où elle est ? "

Perdue dans ses pensées, la jeune femme passa un bras autour des épaules de son enfant afin de la blottir contre elle tout en ramenant la couverture sur ses frêles jambes. Un baiser sur le front. Un brin de nostalgie qui vous envie. Le bercement du vent. La senteur des pommiers d'Amérique laissant place à l'air marin du Nord...

Les îles Lewis. Un mélange étonnant dans le cadre anglais. Les montagnes contrastaient à la fois avec le ciel et la mer. Les landes s’estompent avec les lochs. Les falaises se montrent à la fois accueillantes et meurtrières. Ici, on pouvait oublier les gratte-ciels, les bus à double-étage, le train où ne serait-ce qu’une once de nouvelle civilisation. Bienvenue sur les îles écossaises les plus reculées que vous pourriez trouver. Les McGregor font partis des vieilles familles de la terre des Highlands. Une longue génération masculine de distilleurs d'alcool. Les femmes étaient toutes mères au foyer qui élevaient leurs enfants et s'occupaient de la maison en attendant que leurs maris ne rentrent. Mais les temps modernes arrivent à grands pas et sonnent le glas du changement.

Le 15 Mai, journée des fleurs, des petits papillons, des ballades romantiques et des chaleurs naissantes sur le continent, un petit poupon naquit. Un nouveau petit rayon de soleil chez les McGregor. La première fille depuis trois générations. De quoi fêter cette naissance. De quoi rendre cette famille attachante et conviviale. Cependant, l'exploit ne se réitéra pas. En effet, Karly est la seule fille parmi une famille de quatre enfants dont trois garçons. Cependant, il s'agissait d'une famille heureuse. Rien ne semblait ternir ce doux tableau. Vers l'âge de quatre ans, les pouvoirs magiques de la jeune fille commencèrent à se manifester mais rien de bien grave... Juste une cuillère remplie de sauce tomate qui traverse la pièce pour se déverser sur la tête d'un des garçons. Des taquineries bien courantes qui commencèrent bien tôt.
Dès ses plus jeunes années, Karly était un bambin éveillé qui ne disait mot mais gambadait à quatre pattes aux quatre coins de la maison. Ainsi, il n’était pas rare de voir Steven et Matthew – les deux ainés de deux et quatre ans plus vieux – courir dans les pièces de la maison en regardant le sol comme s’ils avaient perdu un bouton de chemise. Non, en réalité, ils recherchaient un petit être. Mais si vous vous penchez un peu plus sur cette histoire, vous vous apercevez qu’il ne suffit que de rechercher le St Bernard de la famille pour trouver la petite. Un simple jeu de piste à prendre en main. C’est ainsi que la maisonnée des McGregor était généralement remplie de rires et… de courses poursuites. Et oui, même lorsque vient l’âge où Karly apprit à marcher. Ainsi, nous avions un enfant d’environ trois ans qui aimait beaucoup jouer à cache-cache et un petit nouveau compléta bientôt les rangs. Un petit Zac vient se rajouter à la petite famille. A l'âge de onze ans, Karly reçut la fameuse lettre de Poudlard. En route pour de nouvelles aventures...

Et les nouvelles aventures démarrent dès la première sortie de Karly à Londres. Dites-vous qu'elle a réussi à se perdre en étant entourée par ses frères et ses parents en pleine rue moldue. Que voulez-vous... lorsqu'on vient de la campagne. Déjà que pour sa première sortie au Chemin de Traverse s'était quelque chose. Onze heure moins vingt. Les enfants McGregor avaient tout juste le temps de se rendre sur le quai de gare afin de prendre le train qui les conduirait à Poudlard. Si Matthew n’avait pas pris Karly sur ses épaules comme un sac à patate, elle aurait sans nul doute manqué le train à force de l’admirer en rêvassant. Décidément, on ne peut pas la laisser seule cinq secondes… Cependant, une fois dans le train, les garçons délaissèrent rapidement la petite Karly afin de se consacrer à ce qu’ils faisaient de mieux : pour Matthew, rejoindre ses amis et draguer quelques filles au passage, et pour Steven, rejoindre ses détestables amis qui se prennent pour plus intelligent que vous et se perdre dans un calle-poussière, soit un livre. Perdue au beau milieu du couloir du train, Karly regarda à la fois devant et derrière elle afin de se décider sur le meilleur chemin à prendre. Imaginez-vous une petite fille pas plus haute qu’une cagette de pommes qui mort sa lèvre en regardant à la fois devant et derrière elle sans savoir si elle devait faire un pas en avant ou en arrière. Elle y serait restée un petit moment si personne n’était venu s’interposer. Une voix désagréable. Se décalant quelque peu, Karly ne pût s'empêcher de mettre son pied un peu trop à l'extèrieur. Résultat des courses : la personne se ramassa sur celle d'en face. Le pire dans l'histoire: c'est qu'il s'agissait d'un accident.

I. Même la vie peut se mettre en pause... l'espace d'un instant.
« Pour un Écossais, le whisky est aussi inoffensif que le lait pour le reste du l'humanité »

L’heure était déjà bien avancée en cette journée d’été. Au-dehors, le soleil brillait dans le ciel en illuminant les plaines désertiques d’Ecosse. Les seuls sons auditifs provenaient des vagues qui éclataient contre la paroi rocheuse. Le vent sifflait entre les croasses et montaient jusqu’aux fenêtres ouvertes qui profitaient de la bise marine. Le chant marin s’élevait dans les landes afin de parvenir jusqu’à l’une de ses petites protégées. Le ciel d’azur se reflétait dans les innombrables petits lacs qui bordaient le pays. La nature sauvage. Le goût de l’héroïsme. Les vieilles pierres assemblaient une à une depuis plusieurs générations démontraient le caractère vaillant et résistant des Ecossais. Les Highlands. Ses fiers gaillards que rien n’arrêtaient, mise à part la sorcellerie. Les moldus écossais étaient particulièrement superstitieux. Et pourtant… savaient-ils que depuis quatre générations, le whisky qu’ils se procuraient était distillé par des sorciers. Cette eau-de-vie d’orge était la plus connue et la meilleure du pays. Et ce n’était pas prêt de s’arrêter là. Ethan McGregor possédait bien plus d’ambition que dix hommes réunis. Surtout en vision de faire fluctuer son domaine.

Accoudée à la fenêtre, une fillette de douze ans regardait le soleil qui faiblissait au loin disparaissant derrière les flots. Une petite tâche diminuait face à l’éclat d’or de l’astre. Arion, le hibou grand-duc de la famille, s’envolait vers des terres inconnues de la jeune fille. Le Manchester. Là où résidait Susi Diamento, une amie de Gryffondor. Elle n’y avait jamais mise les pieds. Durant toute son enfance, elle rêvait de voyages et de contrées inconnues et inexplorées. Elle qui restait sur les îles Lewiss. Ses rêves l’emportaient toujours plus loin que les océans. Les vacances d’été avaient débuté depuis moins d’un mois mais le château lui manquait. La vie qui s’y trouvait et ses nouveaux amis y étaient pour beaucoup. Ignorant royalement ses devoirs de vacances qu’elle avait enfermé dans sa malle sous son lit – jusqu’au dernier jour des vacances – la petite McGregor se laissa glisser jusqu’à la bibliothèque. Première pièce sur son passage qui était occupée. Malheureusement, il ne s’agissait pas de la personne la plus appréciable de « Thistle uisgue », la demeure des McGregor. Le Whisky d’un chardon.
Comme à son habitude, le lunatique cadet de la famille était installé dans le seul fauteuil qui donnait sur la cheminée. Steven était obscur comme garçon, alors qu’il n’avait que treize ans. Moralement et physiquement, il en paraissait plus. A croire qu’on le prenait pour le faux jumeau de Matthew, qui avait deux ans de plus que lui. Trois McGregor à Poudlard. Deux Gryffondors et un Serdaigle qui rêvait d’être Serpentard. De quoi faire entrer de la dynamite dans le château. Entrant sur la pointe des pieds, la fillette entreprit de faire peur à son frère. Ce dernier ne réagit pas. Steven et Karly n’avaient jamais été en bons termes. Et pourtant, le même sang ne coulait-il pas dans leurs veines ? Si, mais pas les mêmes idéaux. Ancienne et nouvelle tradition ne peuvent se mêler.

- « Tu crois qu’un jour, je serai comme Atalante ? »
- « Tu es trop bête pour lui ressembler. »
- « Maman dit que je peux. Elle trouve que je lui ressemble. »
- « Elle veut seulement te faire plaisir. Tu te marieras avec celui que Grand-Père décidera. Tu auras des enfants que tu élèveras suivant la tradition et ton mari servira à faire croître la réputation de la distillerie. Peut-être même mondialement. »
- « Non. Ce n’est pas vrai. »
- « De quoi te plains-tu ? Tu pourras voyager. Ce n’est pas ce que tu voulais. »
- « Non !»
- « Ca suffit. Grand-père a raison. Il est temps que tu apprennes où est ta place. »
- « Je veux faire du quidditch. Matthew dit que je peux. »
- « Ce n’est pas un sport pour fille et encore moins pour une gamine. »
- « Je te déteste ! »

Les échanges se terminaient toujours de la même façon. Ils ne duraient guère longtemps. Claquant des pieds contre les dalles froides de la demeure, Karly hâtait le pas afin de sortir prendre l’air. Parler avec son frère l’énervait toujours. Pourquoi n’arrivaient-ils pas à discourir tranquillement ou alors à plaisanter comme elle le faisait avec Matthew ou Zac. Seule fille parmi quatre enfants, Karly ne pouvait compter que sur la présence de sa mère comme présence féminine. Des larmes de colère brouillaient les yeux de la petite qui irradiaient de leurs couleurs noisette.

Ses pas la menèrent directement sur le chemin de la petite serre de Charra McGregor. La mère de Karly était connue comme étant une incroyable botaniste. Depuis Poudlard, elle semblait exceller dans cette matière. En effet, Charra était autrefois une Serdaigloise, tandis que son mari perpétuait la tradition des Gryffondor. Ethan McGregor, le doyen de la famille et père de Peter, n’avait jamais vu cette union d’un bon œil. Pour ce dernier, Charra avait beau possédait la grâce et l’intelligence d’une ladie, elle ne pouvait travailler à son compte sur un autre projet que la distillerie. Ce qui était pourtant le cas. Chercheuse en botanique, elle travaillait en étroite relation avec les médicomages dans la guérison des métamorphoses post-mortem et indésirables. Arrivée devant la porte vitrée de la serre, Karly passa une main sur ses yeux afin de chasser les larmes indésirables. Son grand-père le lui répétait assez souvent : une ladie ne montre pas ses sentiments. Elle ne voulait pas être une ladie. Elle rêvait de voyages, de piraterie et de barroudage. Rien qui ne s’y alliait. Mais les enfants n’ont que peu d’impact contre les décisions des grands. Poussant la porte après une longue respiration, elle entra dans la serre alors que le soleil diminuait.

- « Maman ?»

Aucune réponse. Aucun bruit. Charra McGregor était-elle dans sa forteresse ? Avançant entre les allées des différentes plantes, Karly observait toujours cette flore avec admiration. L’endroit regorgeait de toutes les couleurs possibles et inimaginables. La forêt écossaise de la sorcière Charra comme l’appelait certaines langues. Mauvaises ou non. Tournant à l’angle, la petite fille remarqua que la calme était trop étrange. Notamment les pots cassés à terre. S’abaissant, elle en ramassa un en prenant soin de ne pas se couper. Relevant les yeux, elle aperçut une main au sol. Se rapprochant, un corps y était rapproché. Une liane entourée autour de celui-ci, le corps ne bougeait plus. Immobile. Sans vie.

- « … Maman ? »

On pouvait voir de l’incompréhension totale et de la stupeur dans les yeux de la petite qui commencèrent à s’embuer.

Un sourire amusé trônant sur les lèvres, Karly s'était immergée dans cette période où son mari et elle pouvaient être qualifiés de parfaits petits ennemis, chacun pourrissant autant l'autre que possible. Hors aujourd'hui, c'était leur fille qu'elle tenait dans ses bras. L'avenir est vraiment incertain lorsqu'on n'a que quinze ans.

- " Pas tout à fait, ma chouette. Mais, c'est vrai qu'on s'est connu à l'école. "
- " Comme moi et Paco. " s'écria la petite avec un éclatant sourire qu'elle avait piqué à son père.
- " C'est celà, ma... hein ? " Mais l'énorme sourire de sa fille lui prouva qu'il ne pouvait y avoir les pensées mal placées des adultes. Si son père savait cela... la situation serait surement amusante.
- " Vous vous êtes embrassés et tadam... je suis née, tout droit sorti d'une rose." Un éblouissant sourire éclatait sur le visage de la petite qui ouvrit en grand ses bras pour faire exploser sa pseudo-naissance. Amusée, Karly regarda sa fille avec tendresse.
- " Laisse-moi deviner : tu as demandé çà à ton père ? "
- " Il m'a dit que je ne devais pas m'approcher des garçons car sinon j'aurai un bébé. Une petite poupée que je câlinerai du matin au soir. " S'enlaçant elle-même comme si elle dorlotait sa peluche, Grace ria à gorge déployée avec sa mère avant de reprendre son sérieux... " Il va me falloir un autre landeau. Et Monsieur Patate devra lui faire une place dans le lit. Maman, comment tu as fais toi ? "
- " Hou, c'est une longue, longue histoire..."